Les DAO

Je parle beaucoup des DAO en ce moment. Mais parce que c’est un système en vogue. On pourrait croire que c’est nouveau mais il n’en est rien, les DAO existent depuis très longtemps. Ils bénéficient cependant des avancées de l’écosystème crypto d’un point de vue technique pour se déployer à grande échelle et proposer des services très intéressants pour les investisseurs. Pas se shill ici, les DAO sont transversaux et concernent de très nombreux projets. Plongez dans cet écosystème qui possède en lui même l’esprit même de la crypto. Focus sur les DAO.

Définition

Comme à notre habitude, commençons par définir le terme afin que nous partions tous sur la même base. Qu’est ce qu’un DAO ? Vous vous en doutez, il s’agit d’un acronyme voulant dire :

Decentralized Autonomous Organization

En français dans le texte, une organisation autonome décentralisée. Voilà, les bases sont posées !

Les DAO sont apparentés à des fonds de capital-risque complètement décentralisés, ils servent donc de plateforme pour investir sur des projets.

Comme son nom l’indique, cette organisation est autonome, elle n’a pas besoin de l’intervention d’une tierce partie pour valider les actions, car elle est régie par des smart contracts qui vont exécuter directement et de manière transparente les étapes.

Exit donc les débats, désaccords, prises de positions et lenteurs d’exécution que peuvent entraîner une organisation non soumise aux smart contracts. La personne qui entre dans le DAO s’engage tacitement à respecter les conditions de base, accélérant naturellement le processus de validation.

Ainsi, les règles de gouvernance et de gestion du DAO sont publiques, inscrites sur une blockchain publique ne pouvant être modifiées par une tierce partie. Cela garantit l’impartialité de l’organisation et assure à ses investisseurs une exécution claire, sans mauvaise surprise ou retournement de situation.

Ce caractère décentralisé, directement sur la blockchain, possède plusieurs avantages, le premier étant évidemment de n’avoir à faire confiance à personne si ce n’est aux smart contracts en vigueur. Cela évite les incertitudes liées aux réactions humaines (combien de projets sont partis avec la caisse !) et rassure l’investisseur qui n’a comme seul maître que les règles pour lesquelles il a signé !

Mais c’est aussi essentiel en matière de gouvernance. Un DAO repose sur un principe de gouvernance partagée, un modèle dans lequel chaque investisseur peut avoir son mot à dire et dans lequel la majorité fait office de chef de file. Plus de conflits d’intérêts avec les créateurs du projet, en créant un DAO, ils se placent automatiquement au même niveau que n’importe quel investisseur et doit accepter les évolutions naturelles du projet, portée par les décisions collectives.

Pourquoi un DAO ?

Nous l’avons vu, il y a plein d’avantages à utiliser un DAO plutôt qu’une autre structure pour les levées de fonds.

Cela permet entre autres d’avoir une organisation scalable, c'est-à-dire capable de fonctionner malgré l’augmentation du nombre de membres présents. Ainsi, l’organisation peut s’inscrire dans le long terme, grâce à sa méthode de gouvernance fiable à petite comme à grande échelle.

La vitesse d’exécution ne souffre pas non plus de l’augmentation de la taille de l’organisation. Étant pilotée par les smart contracts, elle continuera d’avoir le même rendement peu importe la taille.

Différences entre un système traditionnel et une DAO

Système traditionnel DAO Organisation Hiérarchique, centralisée Décentralisée Décision Prise par un petit groupe Prise par tous les membres à la majorité Particularités Possibles manipulations, triches, consortiums Impartial, trustless

Les DAO présentent 3 particularités qui en font des systèmes exploitables et intéressants pour de nombreuses applications :

• Une DAO ne peut pas être arrêtée ou fermée

• Système distribué ne pouvant être contrôlé par une seule personne (en théorie)

• La transparence de la blockchain et l’impartialité des smart contracts rendent le système indéfectible

Les premiers pas, et les premiers échecs

Ça parait anecdotique aujourd’hui, mais à l’époque, TheDAO était une vraie révolution !

C’est en avril 2016 que le projet, qui se veut expérimental, voit le jour. L’organisation devait évaluer les projets et décider d’investir dedans.

Son caractère décentralisé et son mode de gouvernance équitable construit sur la blockchain Ethereum, ont rapidement attirés de très nombreux investisseurs, si bien qu’un mois plus tard, 14% des ETH en circulation étaient concentrés dans TheDAO.

Le fondateur du projet définit les DAO comme « une forme d’organisation incorruptible qui appartient aux personnes qui ont aidé à la créer et à la financer, et dont les règles sont publiques. »

C’était une révolution, pouvoir prendre part à une organisation décentralisée, hors de tout contrôle étatique et sans frontière, sur la simple base de son holding en ETH, a directement séduit la cryptosphère. TechCrunch définit le projet comme "un changement de paradigme dans l’idée même d’organisation économique. … Elle offre une transparence totale, un contrôle total des actionnaires, une flexibilité sans précédent et une gouvernance autonome.”

Cependant, des failles dans le code ont vite été repérées et ont conduit à un hack massif de l’organisation, mettant temporairement de côté les projets de DAO pendant plusieurs années. Si vous ne connaissez pas l’histoire, retrouvez là ci-dessous (Déjà postée dans d’autres articles) :

Début d’été 2016, des pirates parviennent à voler 3,6 millions d’ETH (en 8 minutes !) via le fond TheDAO. Ce smart-contract avait pour objectif de déployer une plateforme permettant de favoriser l’investissement collectif (DAO = Organisation Autonome Décentralisée). Il permettait donc aux investisseurs de se regrouper pour investir dans des projets cryptos. Des hackers sont parvenus, via une fonction présente sur le smart-contract, à détourner 3,6 millions d’ETH, soit le tiers de tous les fonds présents sur TheDAO.

A la suite de cela, un fork est proposé afin de geler les fonds volés et ainsi mettre fin à cet événement. La communauté est sollicitée et se déchire quant à l’orientation à prendre. Un hard fork irait à l’encontre des principes d’Ethereum mais permettrait de résoudre ce problème de la manière la plus douce possible. Finalement, après délibération, l’ETH se scinde en deux entités : L’Ethereum d’un côté, l’Ethereum Classic de l’autre (version dans laquelle les pirates conservent les fonds volés)

Les DAO de nos jours

Nous sommes dans une phase expansive de la sphère crypto. De nombreux secteurs autrefois théorisés et disponibles en phases de tests sont maintenant des réalités. En disant cela, je pense notamment à la DeFi, qui est en plein boom et commence à nous montrer son potentiel.

C’est le cas aussi des DAO. De nombreux projets sont maintenant bien établis et plus solides que jamais !

Maker DAO

Ce projet est l’instigateur du stablecoin DAI. Nous n’allons pas détailler ici le projet en lui-même, nous avons déjà évoqué les stablecoins dans leurs généralités ici.

Mais nous allons parler de son mode de gouvernance. Toute la gouvernance du projet repose sur le MKR. Ce token permet à ses holders de prendre part aux décisions et aux orientations du projet. Holder leurs tokens revient donc à avoir un pouvoir décisionnel dans l’écosystème qui fonctionne donc comme un DAO.

Aave

Aave est une des DAO les plus connues et réputées du monde de la crypto ! 2ème plus grosse plateforme de lending sur ETH, Aave est incontournable. Et en holdant leur token de gouvernance, le $AAVE, il est possible de prendre part aux décisions et aux orientations du projet.

Dash

C’est le cas aussi de Dash. Cette cryptomonnaie open source et décentralisée est autogérée par ceux qui possèdent un masternode. Cela nécessite de holder une quantité minimum de 1000 DASH pour posséder un masternode.

Aujourd’hui de très nombreux autres tokens (comme UNI de Uniswap) ont des fonctions de gouvernance et permettent à ses holders d’impacter le développement futur du projet.

Conclusion

Les DAO ont mis longtemps à émerger et à trouver un modèle sécurisé. Si cela a toujours été attrayant, le hack de TheDAO a pu effrayer la communauté. Mais aujourd’hui les techniques et smart contracts permettent d’avoir des DAO solides et de nombreux projets ont pris le parti de se tourner vers une gestion décentralisée.

Cela contribue à se rapprocher de l’esprit premier de la cryptomonnaie, à savoir la décentralisation est une gestion plus horizontale des projets, tout en leur permettant de rivaliser, voire de dépasser les meilleurs projets centralisés existants.